7h45, alors que je tournais ma tête encore lourde vers la fenêtre se glissa entre mes paupières lourdes une mer bleues teintée de roses et violets, couronnée d’éclats dorés par le soleil levant et alors je me trouvai envahit par une nostalgie d’un évènement qui n’appartenait pourtant pas encore au passé… Mais il n’est pas encore l’heure de la réminiscence, mais bien celle de vivre cette dernière journée de festival, autant que se peut et pour ce faire j’ai, tout comme vous, besoin d’un récapitulatif de la journée d’hier.

RAISE visibility, accountability and hell. C’est le message avec lequel April Jones aura définitivement réussit à nous réveiller en cette fin de matinée. Comme vous pouvez le deviner, je ne suis pas arrivé à temps pour participer à la séance de yoga proposée par Lauren Valls à ma plus grande honte, mais suis plutôt enfin allé skater (plan incliné to wall sous le pont, magnifique). Pour revenir à ce panel, April a donc ouvert la journée avec une intervention percutante sur les DIY ; sur ce qu’ils représentent, leur nécessité et pourquoi et comment se battre pour eux car c’est bel et bien un combat qui demande passion, persévérance, organisation, mais aussi qui repose sur, et nourrit des valeurs fondamentales de la culture skate : la communauté, le partage, la créativité et l’engagement.
L’importance de se battre pour des communautés a aussi été souligné par Make Life Skate Life, une ONG qui construit des skateparks dans des zones à risque, de guerre et de pauvreté extrême autour du monde. James Holman nous a donc présenté un documentaire « Barika rising », qui retrace leur projet dans un camp de réfugié syriens près de Sulaymānīyah (Iraq), où ils ont construit le premier skatepark permanent à l’intérieur d’un camp. Quand on comprend que terriblement peu de réfugié ont réellement l’occasion de rentrer chez eux, la plupart restant bloqués dans les camps, privés de droits civiques et de perspectives, et que l’ennui, le désert social et culturel mène à l’autodestruction, on comprend aussi qu’implanter quelque chose de durable c’est un moyen pour aider une communauté à se reconstruire et exister.
Comme vous l’avez remarqué, cette notion des skateparks, spots DIY et plus largement d’espaces liés au skate comme socles culturels et communautaires revient encore et encore et non par hasard, c’est une dimension qui se trouve au cœur des projets d’espaces collectifs et dont le potentiel se vérifie et se manifeste toujours plus à travers la considération du skate par les sciences humaines et sociales. Et si (selon l’endroit où l’on vit) on pourrait avoir tendance à les considérer comme acquis, il est essentiel de se rappeler que ça n’est pas une généralité, et qu’ils restent une lutte pour beaucoup.
En parlant de ne pas prendre pour acquis, il y a aussi ceux qui vont encore plus loin et inspirent les autres à s’impliquer, pleinement. Et ici j’aimerais saluer avec tout le respect qui leur est dût Rafael Murolo et Murilo Romão pour leur mission « Saving Vale », ou #salveovale à São Paulo que je ne peux décemment appeler un projet ; c’est une mission de sauvetage, communautaire et territorial, un engagement total, une pierre culturelle. Leur engagement et humilité ne peuvent qu’appeler respect et admiration, et ils ont tout le mien.
Pour finir (car je commence à m’étaler), je voudrais dire quelques mots sur le panel Tokyo Tactical Skateurbanism, animé par Kai Kagitani et Takahiro Yamazaki. Si le skate japonais (et même le Japon) a toujours, d’une façon ou d’une autre, été en avance, et il me semble que cela est devenu encore plus évident au cours des dernières années. En effet, nous pouvons à peu près tous citer au moins un skateur
japonais et je ne connais pas un européen qui ne m’ai pas dit qu’il aimerait visiter le Japon. Pourtant, je crois que peu, y compris moi-même, mesurent les spécificités culturelles de ce pays et à quel point elles influencent tout : la manière dont skateurs et civils perçoivent en-t occupent l’espace public, les interactions et déplacement qui en découlent, la gestion des espaces privés, les codes de communication… Alors voir quelqu’un essayer de faire bouger et évoluer toute une culture à travers un
processus aussi précis et détaillé est fascinant et nous pousse à, encore une fois, porter un regard conscient sur notre propre environnement, notre propre culture, sur ce qui fait la France française, l’Angleterre britannique, l’Irlande irlandaise…
Pour conclure : prenez soin de votre culture, impliquez-vous, donnez tout ce que vous pouvez, soyez désintéressé, et cela vous nourrira tout autant que votre prochain.
Paule Cosmao