La Gazette Connect – Dimanche 19 octobre 2025

Je me suis réveillé ce matin avec l’envie d’attraper le lever du soleil, comme un salut à cette journée. J’ai penché ma tête encore lourde et, dès que j’ai entrouvert les paupières, mes yeux se sont noyés dans une mer de bleus, de roses et de violets, couronnée d’éclats dorés. Une beauté qui, étrangement, m’a donné la nostalgie de quelque chose qui n’appartient pas encore au passé. Mais ce n’est pas encore le moment de se perdre dans les souvenirs, il y a encore tant à vivre, et j’ai besoin d’un petit récap d’hier, tout comme vous.

RAISE visibility, accountability, and hell, c’est le message avec lequel April Jones nous a réveillés. Et, comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai absolument pas réussi à me lever pour la séance de yoga, ni pour la visite (j’avoue, j’ai honte), même si j’aurais clairement dû. Mais au final, je suis allé skater ! Et ça, c’était vital. April a ouvert la journée avec une intervention percutante sur les DIY spots : ce qu’ils représentent, pourquoi et comment se battre pour eux. Car oui, c’est un combat, un combat qui demande passion, détermination et organisation. Mais c’est aussi un combat qui repose sur les valeurs fondamentales du skate et de la communauté : un combat qui en vaut largement la peine.

Le collectif Make Life Skate Life l’a parfaitement illustré à travers la présentation du documentaire Barika Rising, qui retrace leur projet dans un camp de réfugiés près de Sulaymaniyah (Irak), où ils ont construit le premier skatepark en béton à l’intérieur d’un camp. Quand on sait que peu de réfugiés ont la chance de rentrer chez eux, qu’ils restent souvent bloqués dans ces lieux sans droits civiques ni perspectives, et que l’ennui peut facilement mener à la destruction, créer quelque chose de durable et lui donner les moyens d’exister par lui-même, c’est offrir les outils pour imaginer et reconstruire une communauté.

Comme vous l’avez sûrement remarqué, cette idée de skateparks, de DIY spots et, plus largement, d’espaces de skate comme socles communautaires revient sans cesse. C’est le cœur de nombreux projets liés au skate. Et, même si selon l’endroit où l’on vit on a parfois tendance à les considérer comme acquis, ces lieux restent fragiles et menacés dans bien des régions du monde.

Et puis, il y a celles et ceux qui vont encore plus loin, qui inspirent et motivent les autres à s’impliquer pleinement. Je tiens à saluer du fond du cœur Rafael Murolo et Murilo Romão pour leur mission “Saving Vale” ou #salveovale. Je ne peux même pas appeler ça un “projet”, c’est une mission de sauvetage, un engagement total, un jalon culturel. Leur dévouement et leur humilité forcent le respect. Immense admiration, les gars.

Enfin (oui, je commence à être long), je voudrais dire quelques mots sur le panel Tokyo Tactical Skaturbanism, animé par Kai Kagitani et Takahiro Yamazaki. Le skate japonais a toujours été en avance, d’une manière ou d’une autre, mais ces dernières années, cela devient encore plus évident. On peut tous citer au moins un skateur japonais, et je n’ai pas rencontré un seul Européen qui ne m’ait pas dit vouloir aller au Japon. Pourtant, peu mesurent vraiment les spécificités culturelles du pays et à quel point elles influencent tout : la manière dont les skateurs et les civils perçoivent l’espace public, les interactions, les déplacements, la gestion des espaces privés, la communication… Voir quelqu’un essayer de transformer tout cela à travers un processus aussi réfléchi est fascinant. Et ça nous pousse à porter un regard conscient sur notre propre culture, sur ce qui fait que la France est française, l’Angleterre britannique, l’Irlande irlandaise… et ainsi de suite.

En conclusion : prenez soin de votre culture. Impliquez-vous. Donnez tout ce que vous pouvez. Soyez désintéressé de temps en temps : je vous promets que ça vous fera du bien.

Paule Cosmao

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